L'Age d'or d'Aiguillon
C'est au 18ème siècle que la ville prit l'allure qu'on lui connaît aujourd'hui.
Le duc d'Aiguillon, Emmanuel-Armand de Vignerod (1720-1788), ministre
de Louis XV, exilé "à 200 lieues de Versailles", construisit un superbe château
sur les plans de Charles Leroy, architecte
dans notre région des palais épiscopaux d'Auch et d'Agen.
- Emmanuel-Armand de Vignerod, duc d'Aiguillon
Il dégagea un vaste espace pour en faire la cour de son château : cette
esplanade est aujourd'hui la place principale de la ville, face à la Mairie actuelle.
L'aile gauche contenait un merveilleux petit théâtre, la comédie, dont le
bâtiment extérieur arbore toujours sa belle architecture classique.
A la fin du 18ème siècle, au couchant de la monarchie, la cité d'Aiguillon connut
ainsi une vie brillante dont les fastes ne déparaient guère à côté de ceux de
Versailles.
D'autre part, l'aménagement urbanistique de la ville par ce grand seigneur
éclairé, a conduit à dégager la belle esplanade située devant le château, et à
reloger dans ce qui s'appelle aujourd'hui encore "le Quartier Neuf" les habitants
expropriés. Ce "Quartier Neuf", qui devait être parfaitement symétrique par
rapport à l'actuelle rue Emile-Bazin, mais reste inachevé, est un parfait exemple
de création urbanistique rationnelle du 18ème siècle. De nombreux autres
projets architecturaux étaient en préparation, mais ils furent abandonnés lors
de la Révolution en 1789.
- Vue perspective de la ville et du château d'Aiguillon
Quand vint la Révolution, le dernier duc d'Aiguillon, Armand-Désiré de Vignerod
(1761-1800), choisit le camp des idées nouvelles. Élevé par sa grand-mère dans le
culte de Montesquieu dont elle avait été l'amie fervente, il devint député de la
noblesse, et entra à 29 ans dans l'histoire en faisant voter, au cours de la célèbre
nuit du 4 août 1789, l'abolition des privilèges.
Mais rattrapé et dépassé par la "machine infernale", il fut exilé et il mourut à
Hambourg, sans héritiers (son fils Armand, comte d'Aiguillon, né en 1788, décéda
la même année que lui). Sa sœur, Innocente d'Aiguillon, unique descendante en
primogéniture, épousa en 1766 Joseph, marquis de Chabrillan.